Dossier[Dossier complet] Les retailers passent au green
2 - [Dossier] Supply chain : les retailers à l'affût des solutions de livraison
Entre la livraison ultrarapide et les contraintes RSE, les enseignes semblent emprunter une voie médiane qui passe par la diversification des modes de livraison et une adaptation de leur logistique avec, en ligne de mire, la responsabilisation des consommateurs.
"Nous essayons de livrer depuis nos magasins afin de parcourir le moins de kilomètres possible, nous utilisons notamment les services de Shopopop, qui fait appel à des particuliers pour livrer les clients", déclare Nicolas Dubois, directeur marketing et digital d'Emova Group (Monceau Fleurs, Au Nom de la Rose, Coeur de Fleurs, Happy). Lors de la fête des mères, 115 boutiques du Groupe Emova ont proposé ce service. Les particuliers livreurs de Shopopop profitent d'un trajet déjà programmé (retour du marché, balade ou passage chez le fleuriste) pour récupérer les commandes passées en ligne avant de les déposer chez leurs destinataires, moyennant des frais de participation. La livraison collaborative (Shopopop, Yper, Cocolis, MyBoxMan) entre particuliers se développe et surfe sur le ship-from-store qui consiste à expédier un produit commandé en ligne depuis un point de vente.
Pickme se positionne aussi, mais avec une offre de livraison chez un voisin-relais. "Les retailers ont de réelles attentes en matière de respect de l'environnement mais, en France, il n'existe pas d'offres globales, c'est pourquoi il faut identifier des partenaires proposant la meilleure couverture locale", résume Juliette Martz, directrice du développement commercial e-commerce de Geodis.
1 Parisien sur 5 se fait livrer régulièrement à domicile par une enseigne traditionnelle, 1 sur 10 via la livraison express (Source : Episto, enquête quick commerce, 2022).
Des enjeux RSE à tous niveaux
D'autres solutions émergent pour répondre aux enjeux RSE. Decathlon et Leroy Merlin équipent ainsi leurs nouveaux magasins de consignes colis automatiques. Ces casiers intelligents allègent les contraintes du click and collect. Le groupe Emova multiplie les modes de livraison pour conjuguer services et durabilité. "Nous travaillons en partenariat avec Urb-it pour la livraison dans la demi-heure en milieu urbain et nous testons la livraison 100 % à vélo avec les coursiers de Bicycleo à Paris", affirme Nicolas Dubois. "La fleur se prête bien à la livraison à vélo ou à pied, en revanche nous avons besoin de ponctualité et d'une qualité de livraison irréprochable, pas question d'arriver en retard sur le site d'une cérémonie...", prévient-il. Bicycleo propose une livraison verte (à vélo, vélo-cargo et à pied) et salarie ses coursiers, un bon point selon ce dirigeant. Car la RSE ne se limite pas au volet environnemental. "Le quick commerce est porté par des acteurs de la grande distribution traditionnelle qui disposent de dark stores et qui font appel à des coursiers à vélo, la question RSE posée ici concerne les conditions de travail qui devront s'améliorer", note Éric Hémar, Pdg d'ID Logistics, acteur de la logistique contractuelle, notamment chargé des activités logistiques de Leroy Merlin.
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Flotte green
"Le quick commerce n'apparaît pas forcément comme une priorité pour toutes les enseignes, au contraire la plupart cherchent des solutions adaptées aux besoins des consommateurs, sans survendre un délai de livraison trop court", observe Juliette Martz.
La sobriété passe aussi par une organisation de la supply chain en amont. Dans le secteur du bricolage par exemple, Éric Hémar remarque que "les enseignes se dotent d'entrepôts régionaux afin d'assurer une plus grande disponibilité des produits et de réduire leur empreinte carbone". Et par des flottes propres. Le groupe Fnac Darty se mobilise. "Nous détenons notre propre flotte de véhicules green pour la livraison du dernier kilomètre. Nous nous appuyons également sur nos points de vente pour les livraisons en centre-ville et nous utilisons les services d'acteurs comme Stuart (filiale du groupe DPD), spécialiste du dernier kilomètre, qui déploie une flotte à faible émission", indique Grégory Chekroun, directeur logistique, transport et flux au sein du groupe Fnac Darty. Plus largement, "le groupe soutient ses partenaires et les accompagne en s'engageant sur des contrats pluriannuels pour qu'ils investissent et transforment leur flotte". Fnac Darty les sélectionne en fonction de leurs engagements RSE et les challenge pour qu'ils agissent afin de réduire leur empreinte carbone.
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75 % des enseignes ont mis en place ou sont en train de mettre en place une démarche pour réduire l'impact environnemental des livraisons (Baromètre de la livraison du dernier kilomètre 2022 Woop)
Responsabilisation des consommateurs
"Les attentes des consommateurs sont assez contradictoires, entre la recherche d'une livraison express et le respect des engagements RSE. Nous devons traiter cette complexité dans les offres de service livraison que nous proposons !", admet Grégory Chekroun. Depuis un an, l'enseigne propose donc à ses clients d'estimer l'impact de leur livraison. Une manière de les responsabiliser. À partir du bilan des émissions de CO2 fourni par les transporteurs, le groupe évalue l'impact d'un kilogramme de colis expédié pour chaque mode de livraison. Avec quel résultat ? "Les livraisons ultrarapides progressent finalement assez peu et ne représentent pas une part de marché significative", constate Grégory Chekroun. Ce type d'outil semble faire des émules. La Poste vient d'ailleurs de créer un score écologique dans le même but...